Filmer une audition d’acteurs nus
Lors d’auditions pour le rôle d’un homme racisé dans une pièce de théâtre, le metteur en scène demande aux candidats de se déshabiller complètement tout en les filmant avec son téléphone. Pourtant, le scénario ne comporte aucune scène de nu et l’annonce de l’audition n’en parlait pas non plus.
Où est la limite ?
Lors d’une audition, il existe une différence de pouvoir importante entre le metteur en scène et les candidat·e·s. En effet, c’est le metteur en scène qui décide qu’il laissera passer ou non pour les tours d’audition suivants ou qui sera engagé pour le rôle. Cette différence de pouvoir peut être exacerbée par un éventuel racisme. Dans cette situation, les candidat·e·s sont invité·e·s à se déshabiller avant d’être filmé·e·s par le metteur en scène. Ils·elles n’en ont pas été informé·e·s au préalable. En raison de la différence de pouvoir et de la crainte de conséquences négatives pour la suite du processus d’audition, il est difficule d’aller à l’encontre du metteur en scène.
Drapeau ROUGE
Une candidature ou une audition est une situation de travail, et la loi sur le bien-être social demande aux employeur·euse·s de protéger l’intégrité sexuelle des employé·e·s, en donnant le bon exemple. L’audition nue et filmée n’est pas un arrangement préalable et pourrait être considérée comme une forme d’abus de pouvoir, voire de racisme. En outre, elle pourrait être considérée comme une forme de voyeurisme.
Pourquoi ?
Critères de base du système des drapeaux
Nous évaluons le comportement du metteur en scène
- Consentement – Les candidats n’ont pas été informés à l’avance de la tenue d’une audition nue. De plus, aucune autorisation n’est demandée.
- Plein gré – Il s’agit d’un concours, les acteurs sont donc soumis à une certaine pression. Ils ne sont pas non plus préparés à cette demande et doivent décider sous pression s’ils acceptent ou non. Il y a une certaine pression car ils sont impatients de jouer ce rôle.
- Égalité – Le metteur en scène a le pouvoir et choisit qui obteint le rôle.
- Niveau de compétence/fonctionnement – En tant qu’employeur, le metteur en scène doit être conscient de la nécessité de conclure des accords clairs à ce sujet, de les communiquer et de veiller à ce que le situation reste sûre pour les personnes impliquées.
- Approprié au contexte – Le respect de la vie privée n’est pas garanti.
- Impact – Si les candidats refusent, cela pourrait entraîner des conséquences négatives sur la suite de leur audition. Si les candidats acceptent, ils ne sont pas sûrs de ce qu’il adviendra des images.
Que dit la loi ?
Comme les acteur·ice·s ont donné leur consentement à l’enregistrement, mais que la surprise et la pression d’obtenir le rôle peuvent avoir biaisé leur décision, cette situation n’est peut-être pas illégale, mais quand même problématique. Si le metteur en scène diffuse les images sans le consentement des acteur·ice·s, il est punissable selon l’article 417/9 (diffusion non-consentie de contenus à caractère sexuel).
La loi sur le bien-être au travail oblige tout·e employeur·euse à mettre en place un plan de prévention des violences et du harcèlement au travail. Un tel plan, ainsi qu’une politique organisationnelle de prévention pourrait aider à organiser une audition de manière à respecter la vie privée des candidat·e·s. Les responsables, ici le metteur en scène, ont une responsabilité spécifique de protéger les travailleurs·euses contre des violences et le harcèlement et de donner l’exemple.